Pierre-Yves est l'auteur du blog trop peu connu les étoiles dans le caniveau, et il est aussi un scientifique, un lecteur, un réactionnaire... autant dire l'interviewé idéal pour un billet déjà historique dans le blog suprême.
#monanalyse
le 30 AVRIL 2021,
L'interview de Pierre Yves (@pyh_pierre)
Pour en savoir plus :
blog les étoiles dans le caniveau
En quelles occasions te présentes-tu comme blogueur ?
Uniquement après avoir vidé une demie bouteille de single malt écossais, avec une personne qui fait semblant de m’écouter. Parce que j’ai très envie qu’on me lise, mais que cela me terrifie en même temps. Et la peur l’emporte toujours sur l’envie. D’où un nombre de lecteurs proches du nombre d’adhérents au Parti Démocrate-Chrétien
Ah ? Il leur reste des adhérents ?
C’est mon côté masochiste. J’aime à penser que je suis encore moins populaire que Mâme Boutin...
Je respecte toutes les déviances, je ne juge pas.
En les autres occasions, comment te présentes-tu ?
Comme un biochimiste des protéines, tendance Épictète : la biochimie parce que c’est ma formation, et Épictète parce que la découverte de la philosophie antique (tardive) a été une révélation.
Impressionnant... c’est moi qui vais avoir besoin du single malt, là... on trinque ?
Rien d’impressionnant, vraiment. En fait, je suis comme un gosse devant la philosophie antique. N’importe qui peut lire Épictète, Épicure ou Marc Aurèle tellement l’écriture est simple. Pour un scientifique (forcément tenu à l’écart de la philo pendant ses études), c’est une cour de récréation merveilleuse.
Sinon, oui. Je paie mon coup.
Qu’est-ce qui t’a décidé à devenir blogueur ?
Tout est parti d’un très (trop?) long texte, écrit pendant des réunions longues et ennuyeuses. Je racontais dans ce texte la vie de Dimitri Ivanovitch Carbonara, un petit atome de carbone depuis sa création lors du big bang jusqu’à son incorporation dans une olive, sa digestion subséquente par un humain suivie de son rejet dans l’atmosphère. Vous conviendrez qu’une telle saga ne pouvait pas rester inconnue du public, d’où la création de mon blog.
Et puis ensuite, les billets d’humeur se sont enchainés...
« Les très riches heures de Dimitri Ivanovitch Carbonara » était une tentative pour expliquer de manière ludique les bases de l’atomistique de la thermodynamique et du métabolisme.
Cette tentative a-t-elle été couronnée du succès qu’elle méritait ?
Si j’en crois les statistiques de mon blog, j’ai connu des échecs plus retentissants. Disons que ce texte-là se situe dans une honnête moyenne
Quel était ton but en créant « Les étoiles dans le caniveau » ?
« L’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre"
Cyrano (Acte II Scène 8).
Plus sérieusement, accrocher un sourire ou des lumières sur le visage des gens qui s’aventureraient à me lire
Pourquoi un seul ? Pourquoi pas plusieurs sourires ? Moi par exemple, j’ai souri plusieurs fois en lisant ton blog (que je ne connaissais pas, à ma grande honte) afin de préparer cette interview.
ARGLLLL... Consécration. Vous illuminâtes ma nuit par cette remarque, Maître !
Heureux je suis de t’illuminer.
« Les étoiles dans le caniveau »... comment t’est venu ce titre de blog ?
J’ai quelques maîtres en littérature sur cette terre... très peu. Pierre Desproges (oui, c’est de la littérature..), Philippe Meyer ou Alexandre Vialatte pour les chroniques, Baudelaire ou Oscar Wilde pour la poésie. Ce titre vint d’un aphorisme de Wilde :« Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles. »
J’approuve sans réserve tes maîtres en littérature.
Et maintenant, peux-tu te présenter en nous disant deux ou trois choses que nous ne lirons pas dans ton blog ?
J’aime les langoustines et Léonard Cohen.
Je suis très favorablement impressionné par l’éclectisme de tes goûts.
En plus, on notera là encore une expression de mon dualisme métaphysique : les langoustines, ce n’est même pas casher.
On note avec encore plus d’impression favorable, en effet.
Tu te présentes aussi comme « Vélotafophobe primaire », qu’est-ce que ça veut dire ?
Les écologistes politiques m’énervent. Pour moi qui ai étudié l’écologie (la vraie, celle qui « étudie le rapport des êtres vivants avec leur milieu ») et qui aime cette belle science, ces pauvres rigolos donneurs de leçons qui ne sauraient pas planter des radis sont des nuisibles. Et parmi ceux-ci , le bobos wokes qui, parce qu’ils utilisent le vélo pour travailler (les vélotafeurs) veulent éliminer de la surface du globe tout ce qui se déplace à l’aide d’un moteur à explosion, se placent au sommet de la pyramide de mes haines.
Déclinant toute responsabilité quant à tes propos, je t’enverrai directement les courriers de réclamations courroucées qui ne manqueront pas de déferler dans mes DM à la suite de cette réponse dont le caractère nuancé pourrait être contesté par les lecteurs du blog suprême.
Avec plaisir. Je ne me nourris que de petits écologistes des villes. J’adore ce petit goût de fumée.
Tu n’ignores pas qu’en ayant ton interview publiée dans le blog suprême, ta notoriété va s’épanouir telles cent fleurs sur la route qui te mène à la vérité ; es-tu prêt à connaître la notoriété et la vérité ?
Maman, j’ai peur.
Depuis que tu connais Maître Roger, comment ta vie a-t-elle changé ?
Je ne me souviens même plus de ma vie avant Maître Roger. Je ne crois pas qu’il y en avait une. Ou alors, elle était si terne.
De fuel, bien entendu.
Depuis que je connais Maitre Roger, je tutoie les anges et parle aux oiseaux... comme avant, en fait… mais désormais, ils m’écoutent, impressionnés.
Je comprends, moi-même ça m’arrive tout le temps, ça fait tout drôle et bizarre, au début.
Oui, surtout l’accent impossible du chardonneret élégant.
Quelle musique as-tu écoutée en répondant à cette interview ?
Etant réfugié viral depuis quelques semaines sur la côte ouest, j’ai seulement écouté le bruit de ce p... de b... de m... de vent de Nord-Est qui souffle comme un fou depuis plusieurs jours et transforme mon modeste logis en remake de Hauts de Hurlevent.
C’est presque mieux que The Voice.
Je te transmettrai aussi les messages indignés des fans de The Voice 😒
Bon, d’accord....Mais après ceux des brouteurs de soja en tote-bag de coton bio, alors... Comme disait Cyrano (deuxième citation dans le même interview... il faut que je me surveille!)
J’aime raréfier sur mes pas les saluts,
Et m’écrie avec joie: un ennemi de plus!...
Eh bien! oui, c’est mon vice.
Déplaire est mon plaisir.
J’aime qu’on me haïsse.
Mon cher, si tu savais comme l’on marche mieux
Sous la pistolétade excitante des yeux!
Comme, sur les pourpoints, font d’amusantes taches
Le fiel des envieux et la bave des lâches!
C’est Cincinnatus qui, dans son interview, m’a recommandé de t’interviewer à ton tour tant il est fan de ton blog ; comment ton ego a-t-il vécu cette recommandation ?
Que l’immense, le grand, le généreux, le fougueux, le fulgurant Cincinnatus, THE cuisinier du rougail saucisse que le monde entier nous envie, ait pu penser à moi m’étonnera toujours.
Qu’il soit fan de mes bêtises également. Mais je l’en remercie.
Et toi, quel blogueur ou blogueuse me recommandes-tu d’interviewer après toi ?
J’aime beaucoup, sans la connaitre, Esther Luette et ses écrits délicats d’une alien-née dans son blog « Journal sous la surface ».
Sinon, l’ami Christophe Penaguin et son Bruit Blanc Magazine plein de pépites. Et en plus, dans la vraie vie, il est sympa.
Parce que sinon, tu as déjà interviewé les trois maîtres à penser essentiels : Cincinnatus, le Sens des Mots et les Mots Surannés. Je frémis de me retrouver à leur côté. Ou à leurs côtés. Ben si, s’ils sont plusieurs, ils ont plusieurs côtés.... Même si on ne peut être que d’un seul côté de chacun ? Enfin, je crois.... Oh et puis zut !
Vous êtes tous à mes côtés, qui sont suprêmes, ce qui nous rassemble dans la joie et l’espérance.
Alleluia, Mazel Tov et même, osons le dire : youpi !
Et la littérature, dans tout ça ?
Un peu déçu par la production de ces 60 dernières années, j’ai décidé de lire en priorité les auteurs dont la notoriété a survécu à plusieurs siècles de modes diverses.
Mon livre de chevet : les Stoïciens dans la Pléiade.
Je m’encanaille actuellement et fais une exception avec un petit jeune qui me semble prometteur : un certain Albert Camus
Peste.
Je vois que l’humour ne t’est pas étranger.
C'était l'interview de Pierre Yves (@pyh_pierre)
Pour en savoir plus :
blog les étoiles dans le caniveau
avant...
après...