La sortie de son livre, « Cap sur vous ! Stratégies féministes pour une carrière choisie » est l'occasion pour Sophie Gourion d'être interviewée pour la troisième fois par Maître Roger. La première c'était il y a dix ans, dans un monde si différent.
#monanalyse
le 8 NOVEMBRE 2025,

L'interview de Sophie Gourion

Comment te sens-tu depuis le 6 novembre, date de la sortie en librairies de ton livre « Cap sur vous » ?

Enrhumée. Au regard de mon grand âge, je suis mise à l’aquagym et comme je suis une dingo qui n’ai peur de rien, je suis sortie les cheveux mouillés et voilà !
Sinon, à la fois anxieuse et impatiente que le livre rencontre son public ! Le premier a été un gros succès (30 000 ex, traduit en 7 langues) donc là forcément je ressens encore plus fort cette peur de l’échec et cette crainte de décevoir. Pour me rassurer, je me dis que si ce livre changeait la vie ne serait-ce que d’une seule femme alors j’aurais atteint monbut (tu vois je reste raisonnable !)

Il me semble évident que ce nouveau livre va être un succès mondial lui aussi, et changer la vie de bien plus qu’une femme, ne serait-ce que grâce à l’audience galactique du blog suprême et à mon influence qui ne l’est pas moins.
Au début de « Cap sur vous », tu préviens les lectrices que tu ne leur promets ni richesse et succès, ni coaching à la mode « pure volonté individuelle » ; tu présentes ensuite ton livre comme une « méthode pratique et éprouvée » qui va aider ses lectrices à faire des choix éclairés. Pour cela, elles doivent travailler. Si je comprends bien, après l’achat et la lecture du bouquin, il faut faire des efforts ? ça ne tombe pas tout cuit ?

Désolée de briser tes illusions cher maître mais contrairement à une idée reçue, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver sa voie ! C’est comme quand tu achètes un livre pour avoir un corps de rêve (je sais que tu n’en a pas besoin, c’est une métaphore) : si tu te contentes de seulement le feuilleter dans ton canapé, il ne se passera rien.

Merci pour tes explications et tes métaphores, je comprends mieux l’évolution de mon corps de rêve en parallèle de celle de ma bibliothèque...

Pour filer la métaphore du sport (ça c’est l’influence de mes cours d’aquagym), c’est comme aller à la salle de gym : c’est parfois dur de se motiver. C’est pourquoi je recommande de s’allier à une « work buddy », une copine de travail, qui suivra le parcours que je propose en même temps que toi (et en plus ça me permet de vendre 2 livres, malin hein !)

Oui, très malin, j’admire ton approche aiguë du marketing de la chose et cette opportunité de vendre deux bouquins.
NB : puisqu’il faut faire des efforts, je comprends mieux pourquoi tu t’adresses aux femmes et non aux mecs…

Hum ne me lance pas sur le sujet sinon je suis partie pour des heures ! Mais je sais que tu es un homme déconstruit et un allié sûr (tu fais l’effort de m’interviewer c’est une preuve !)

Alors déjà, ce n’est pas un effort de t’interviewer, c’est un plaisir.
Ensuite, ça tombe bien, nous réalisons cette interview en plein week-end prolongé du 11 Novembre : je suis prêt à partir des heures 😈
Bref, revenons à notre interview. À un moment donné, les lectrices qui vont appliquer ta méthode ne vont-elles pas se retrouver seules alors qu’elles pourraient avoir besoin d’aide / dialogue / questions / réponses ? Tu prévois un service après-vente du bouquin ?

Dans l’idéal il faudrait une hotline #asksophie je suis bien d’accord mais pas sûr que mon employeur soit d’accord. Je parlais de la « work buddy » plus haut, ça permet de travailler en miroir et d’échanger, de s’entraider.
Je prévois aussi des webinaires par chapitre pour que les femmes qui en sont au même stade du livre puissent échanger. Ça me permettra également de répondre à leurs questions. Mais entre mon boulot de salariée, mes 2 autres livres qui sortent en 2026 (et l’aquagym), mon temps de cerveau disponible se réduit comme peau de chagrin.

On peut savoir les sujets des deux prochains livres ou c’est tabou ? (sans te mettre la pression, je pense quand même que les millions de lectrices et lecteurs du blog suprême ont le droit de savoir)

Mes prochains livres seront destinés aux enfants.
« Va-t’en Ratétator », une histoire drôle et tendre sur cette petite voix dans la tête qui répète « Raté, t’as tort ! » (tu l’as?) et sur la manière de lui clouer le bec en retrouvant confiance en soi.
Et « Sacrée maman », un album plein d’humour sur une petite fille qui découvre que sa mère est décidément une drôle de personne, capable de faire mille bêtises et d’inventer les excuses les plus farfelues.

Et un livre sur les bienfaits de l’aquagym, tu y songes ?

Pas encore, mais qui sait ? Après tout, ça m’a déjà inspiré une belle leçon d’humilité.
C’est le seul endroit où je me fais battre à plates coutures par des retraitées survoltées, tout en essayant de garder un semblant de dignité.
Si un jour j’écris dessus, ce sera sûrement un traité sur la grâce du lâcher-prise.

En parlant de lâcher-prise, je me suis soumis au test d’orientation dit RIASEC que tu recommandes (p.35) ; il en ressort que je suis investigateur à 90% et les métiers adaptés pour moi à 100% sont : paléontologue, archéologue, historien, chercheur en médecine, graphologue (je ne savais pas que ça existait encore, d’ailleurs, ça). Quand on sait ce qu’on sait de ma vie professionnelle contemporaine, doit-on en conclure que j’ai raté ladite vie ?

Bon, comme je le dis dans le livre, les métiers suggérés sont vraiment à prendre avec des pincettes. Être investigateur, c’est bien plus large : c’est être curieux, apprendre en permanence, trouver des solutions… et ça on peut le faire dans beaucoup d’autres métiers ! Toi par exemple tu fais un peu d’archéologie avec ton blog, c’est un dinosaure ! (no offense le mien date de 2011)

En vérité, j’ai souri quand j’ai lu « archéologue » parce que, justement, il m’est arrivé à maintes reprises de me conduire en archéologue des Internets. Plus précisément du Twitter de la belle époque, quand je cherchais les premiers tweets des gens que j’interviewais, voire nos premiers dialogues.
Archéologie est ainsi un mot que l’on retrouve dans plusieurs de mes interviews, la première fois quand j’ai parlé c’était avec Noémie Issan que tu avais recommandée.
Bref : ça marche, ce test, et donc il faut le faire et donc il faut lire ton livre #CQFD
Revenons donc à ton livre qui se lit comme une suite d’exercices d’autoévaluation pouvant se réaliser « en douze semaines ». Je vais d’ailleurs vérifier ça de ce pas par moi-même (conformément à mon profil d’investigateur à 90%). Mais tu écris aussi (p.181) : « Une transition professionnelle ou une réorientation ne se fait pas en trois mois ». Subséquemment, après avoir appliqué scrupuleusement ta méthode, qu’est-ce que j’aurai concrètement gagné dans douze semaines ?

Rien n’échappe à ton œil acéré décidément ! Déjà tu auras gagné mon estime ! Et je te garantis que tu en sortiras transformé !
Ça ne veut pas dire que tu iras forcément élever des chèvres dans le Larzac (seules 10% des femmes que j’accompagnais ont opéré une reconversion à la suite du bilan de compétences). Parfois un simple pas de côté suffit : se mettre à temps partiel, changer de secteur mais pas de métier, se mettre à son compte, avoir un side project…
Concrètement, au bout de 12 semaines tu auras gagné en clarté et en connaissance de soi. Dans une société où les femmes n’ont jamais cette occasion de se demander qui elles sont et ce qu’elles veulent c’est vraiment un luxe (très accessible puisqu’il ne coûte que 21,90€)

En premier lieu, il convient de rappeler que je prépare très sérieusement mes interviews, que je lis les livres avant d’en parler, et d’autant quand il s’agit d’en parler avec l’autrice.
Et heureuses les femmes qui bénéficieront du luxe de la connaissance de soi pour la très modique somme de 21,90€ soit 1,83€ par semaine de travail.
Bon, bon, bon…
On cause, on discute, et puis je me rends compte que je ne t’ai pas encore présentée aux millions de lectrices et lecteurs du blog suprême, même si elles et ils vont (re)lire tes précédentes interviews de 2015 et 2021 et sauront tout sur : la rue des Martyrs, le modem 56K des débuts des Internets, les enfants qui grandissent, les blogs, tes actions féministes, tes boulots qui ont changé à chaque fois…
Quel message souhaites-tu laisser ici à la Sophie de dans 5 ans ? (message que nous lirons ensemble et analyserons pour ta prochaine interview)

Tu vois que tu es déjà un archéologue ! Je lui dirais « N’attends pas d’avoir un 3ème cancer pour oser écrire, prendre ta place et stp arrête de te faire du mouron pour des conneries ! Et prépare tes réponses pour Maître Roger ! »

Très bien.
De mon côté, j’écris au moi-même de dans 5 ans qu’il va falloir lire tous tes livres et préparer les questions idoines...
C’est donc ta troisième interview suprême, ce qui te permet d’égaler le record établi par Manuela Wyler dans mon web-journal satirique francophone de 1999 à 2019.
Qu’est-ce que les interviews de Maître Roger ont de différent avec celles de la concurrence ? En quoi apportent-elles plus de bonheur ? Par rapport à une interview dans Les Echos, par exemple...

Elles sont terriblement drôles et elles s’intéressent sincèrement à l’interviewée (je sais que personne ne t’écrit tes fiches et que tu t’es vraiment tapé mon livre, rien que pour ça tu mérites une médaille !). Et puis comme tu es connu mondialement, ça me permet de toucher un public à l’international #unitedcolorsofmaitreroger

Je confirme en effet que personne ne m’écris de fiches et que je me suis toujours réellement intéressé aux gens que j’ai interviewées. Merci pour la médaille méritée 🙏🏻
Usuellement, je demande à mes interviewé•es de recommander une ou deux personnes après elles. La dernière fois, tu avais notamment suggéré Ariane Grumbach, dont on trouvera le témoignage dans ton bouquin p.173, coïncidence je ne pense pas.
À qui conseilles-tu d’être interviewé•e prochainement par Maître Roger ?

Allez on reste en famille : Lisa Wyler, la fille de Manuela (à qui je pense tous les jours)

C’est important la famille 🤗
Lisa sera invitée selon les procédures en vigueur et à l’issue de mon délai de procrastination non moins vigoureux.
Et concernant notre déjeuner au bistrot des Dames dont on parle depuis dix ans, on se décide à trouver une date, un jour ?

Depuis que tu m’as interviewée, je me la pète donc il faut
que tu voies avec mon agente, Aude Sécheret (que j’embrasse en passant).

Attends je ne comprends pas bien : c’est Aude que je dois inviter ? Ou vous inviter toutes les deux ?

Ça dépend : si tu veux parler d’argent, Aude sera parmi nous. Si c’est juste de façon désintéressée, tu n’es pas obligé (même si je t’assure que c’est quelqu’un de très chouette)

Tu m’as convaincu (et je reste désintéressé) : déjeunons toutes les trois !
C'était l'interview de Sophie Gourion
avant...